INTERVIEW EXCLUSIVE

Chirurgie réfractive laser

Regards croisés, quand l'ophtalmo devient le patient

LASIK PKR ICL SMILE

Préambule

Une enquête exclusive auprès de praticiens expérimentés

Nombreux sont ceux qui pensent encore que les ophtalmologues n'osent pas bénéficier de chirurgie réfractive, ce qui est faux! Grâce à l'avènement de nouvelles techniques et aux progrès technologiques rendant cette chirurgie très précise, les ophtalmologues ont envie de se débarrasser de leurs lunettes. Nous avons interrogé quatre chirurgiens ophtalmologues qui ont bénéficié de différentes techniques de chirurgie réfractive afin de connaître leurs motivations et leur ressenti, ainsi que l'impact que cette intervention a eu sur leur pratique professionnelle.

Points clés de l'interview

  • 4 chirurgiens ophtalmologues partagent leur expérience personnelle de la chirurgie réfractive
  • Techniques abordées : PKR, LASIK, SMILE et ICL
  • Perspective unique du médecin devenu patient
  • Impact sur la pratique professionnelle et la relation patient

Les intervenants

Portrait de D. Hamidallah

Dr. D. HAMIDALLAH

Ophtalmologue

CASABLANCA

PKR
Portrait de A. Grise-Dulac

Dr. A. GRISE-DULAC

Ophtalmologue

PARIS

LASIK
Portrait de M. Weissrock

Dr. M. WEISSROCK

Ophtalmologue

STRASBOURG

SMILE
Portrait de R. Nicolau

Dr. R. NICOLAU

Chirurgien ophtalmologue

PARIS

ICL

Pourquoi avez-vous choisi de bénéficier de la chirurgie réfractive?

Alice Grise-Dulac:

Je voulais me libérer de la contrainte des lunettes et des lentilles. D'une part pour un motif personnel : faire du sport, randonner, voyager, ce qui est parfois incompatible avec le port des lentilles. D'autre part, pour des raisons professionnelles : avoir une vision parfaite toute la journée sans gêne. Je commençais à ne plus supporter mes lentilles (fatigue, syndrome sec en fin de journée, yeux rouges) et cela devenait pénalisant professionnellement. Sur tous les plans, cette décision est une des meilleures que j'ai pu prendre.

Doha Hamidallah:

Ayant porté des lunettes depuis ma plus tendre enfance (myopie de –4,50), c'était l'un de mes plus grands rêves de me réveiller le matin sans avoir à chercher mes lunettes, de pratiquer la natation en reconnaissant les visages à côté de moi, ce que je vivais un peu comme un handicap.

Marie Weissrock:

En ce qui me concerne, j'avais les yeux secs et je ne supportais plus mes lentilles. Je voulais vivre l'expérience de mes patients et mieux comprendre ce qu'ils éprouvaient lors de la chirurgie réfractive que je pratiquais déjà avant d'avoir été opérée.

Romain Nicolau:

J'ai choisi la chirurgie réfractive principalement pour me libérer de la dépendance aux lunettes. Elle était devenue pesante avec ma forte myopie à –9 depuis l'enfance. Je vivais cette correction comme un véritable handicap. En tant qu'ophtalmologue spécialisé en chirurgie réfractive, c'était aussi l'opportunité de ressentir personnellement ce que mes patients vivent, et cela m'a permis d'avoir une perspective plus précise, plus sereine et plus empathique dans mon approche.

Quelles techniques de chirurgie réfractive avez-vous envisagées?

Alice Grise-Dulac: le LASIK.

Doha Hamidallah: Étant interne en ophtalmologie à cette époque, j'ai laissé le choix de la technique chirurgicale à mon médecin. Il a opté pour une trans-PKR.

Marie Weissrock: J'ai bénéficié d'un SMILE.

Romain Nicolau:

J'ai envisagé plusieurs options en fonction de mon profil myopique élevé. Après avoir étudié les techniques comme le LASIK, la PRK ou le SMILE, j'ai finalement opté pour l'implant phaque ICL, une solution plus appropriée pour ma forte myopie, afin de préserver la qualité de vision et d'éviter les effets secondaires liés aux traitements cornéens. Je rentrais dans tous les critères de pose d'implant ICL.

Sur quels critères vous êtes-vous fondés concernant le choix du chirurgien?

Alice Grise-Dulac: J'ai choisi celui qui avait la plus grande expérience.

Doha Hamidallah: Mon chirurgien a été mon mentor en ophtalmologie. Au Maroc, il pratique la chirurgie réfractive depuis une dizaine d'années, avec une expertise dans ce domaine. Donc, le choix a été facile au vu de la relation de confiance.

Marie Weissrock: Le choix a été assez compliqué, car j'ai beaucoup d'amis à Paris qui pratiquent la chirurgie réfractive. Finalement, j'ai choisi mon associé. Il était plus logique pour moi d'être opérée par un chirurgien auquel on est associé.

Romain Nicolau: En tant que chirurgien, j'ai choisi un confrère expérimenté en chirurgie du segment antérieur. Il a un excellent historique de résultats et une expertise reconnue dans ce domaine, que ce soit en chirurgie réfractive, en chirurgie de la cataracte ou en implant myopique. La confiance, le professionnalisme et le taux de succès du chirurgien étaient des critères essentiels.

Quelles étaient vos attentes concernant les résultats de la chirurgie? Ont-elles été satisfaites après l'intervention?

Alice Grise-Dulac: Une vision parfaite, ainsi qu'une récupération rapide.

Doha Hamidallah: Je souhaitais me débarrasser de mes lunettes et avoir une qualité de vision identique à celle dont je bénéficiais avec mes lentilles. Après l'opération, la qualité de vision était bien meilleure.

Marie Weissrock: Mes attentes ont été satisfaites, car je voyais mieux.

Romain Nicolau: J'espérais une vision nette sans correction, un confort visuel optimal et l'absence d'effets secondaires. Les résultats ont été très satisfaisants, avec une récupération rapide, sans douleur, et une qualité de vision stable.

On dit que les médecins sont les pires patients. Était-ce le cas pour vous, le jour de l'intervention?

Alice Grise-Dulac: J'étais très anxieuse le jour J. Le fait de devoir lâcher-prise a été une vraie épreuve et le plus difficile.

Doha Hamidallah: J'ai été très anxieuse le jour même, mais, une fois sur la table d'opération, j'ai écouté mon chirurgien.

Marie Weissrock: Je suis allée au bloc en toute confiance concernant la technique chirurgicale qui allait être employée. J'étais très à l'aise sous le microscope opératoire.

Romain Nicolau:

Les deux yeux n'ont pas été traités en même temps et il a fallu observer un délai de quatre semaines entre les 2 interventions. J'ai ressenti un mélange de confiance en la technique, d'engouement, d'enthousiasme et de sérénité. Cela m'a confirmé l'importance de rassurer les patients, car, même avec des connaissances, la chirurgie reste une épreuve émotionnelle.

Comment la chirurgie a-t-elle influencé votre pratique professionnelle?

Alice Grise-Dulac: Je la recommande désormais davantage. Je me sens plus en confiance de l'avoir vécue personnellement.

Doha Hamidallah: On croit plus en l'impact de la chirurgie réfractive quand on en bénéficie et on a presque envie que tous nos patients puissent en bénéficier. Cela ne change pas seulement la vue, mais aussi la vie. En devenant un patient, on comprend le stress et l'anxiété qu'il vit en salle d'opération. Cela nous rend plus empathiques.

Marie Weissrock: Elle influence forcément ma pratique, surtout pour les presbytes, car j'ai été opérée à l'âge de 40 ans. Mais j'ai toujours été convaincue que la chirurgie réfractive apportait beaucoup de confort.

Romain Nicolau: Cette expérience a renforcé mon empathie à l'égard de mes patients, ainsi que mon expérience professionnelle. J'ai bénéficié, après de longs échanges avec mon chirurgien, de la meilleure technique chirurgicale opératoire, qui m'a permis une récupération en moins de 24 h. Je suis désormais plus précis dans mes explications et plus attentif aux préoccupations de mes patients, ayant moi-même vécu les étapes de cette intervention.

Racontez-vous votre expérience personnelle aux patients?

Alice Grise-Dulac: Oui, souvent, car cela les rassure et permet de leur expliquer très précisément ce que l'on a vécu, avant et après l'opération.

Doha Hamidallah: Oui, souvent, en particulier pour les patients qui hésitent, afin qu'ils se sentent plus en confiance. Je leur explique mon expérience et mon vécu personnel après l'opération.

Marie Weissrock: En effet, j'évoque avec mes patients mon expérience personnelle.

Romain Nicolau: Oui, souvent. Ils sont rassurés d'avoir un ophtalmologue qui a bénéficié de la même intervention car nous représentons la sécurité. Si un ophtalmologue se fait opérer, c'est plutôt rassurant, n'est-ce pas? Pendant de nombreuses années, les patients avaient l'impression, fausse, que les ophtalmologues ne se faisaient jamais opérer. Cette période est maintenant révolue et nous opérons tous des confrères. Ainsi, les patients constatent que j'ai pleinement confiance en cette technique et en ses résultats.

Quels conseils donneriez-vous aux patients qui envisagent la chirurgie réfractive?

Alice Grise-Dulac: De bien définir leur besoin et leurs attentes. De mûrir la décision et de se sentir en confiance avec son chirurgien. D'être détendu et de prendre 24 h au calme après l'intervention pour se reposer et savourer cette nouvelle vision.

Doha Hamidallah: Une fois motivé, il faut choisir un chirurgien qui inspire confiance, et, le jour de la chirurgie, avoir avec des ondes positives afin de se laisser changer la vue et la vie.

Marie Weissrock: De sauter le pas, car la chirurgie n'est pas impressionnante et le confort postopératoire sans lunettes est très appréciable, même quand il s'agit de vivre le compromis en cas de presbytie.

Romain Nicolau: Je leur conseille de bien se renseigner, de choisir un chirurgien expérimenté, et d'avoir des attentes réalistes. La chirurgie réfractive peut transformer leur vie, mais il est important d'obtenir une évaluation personnalisée pour choisir la meilleure option en fonction de son profil visuel.